Un malheur bouleverse les habitants de Lisbonne au XVIIIe siècle. La capitale s’écroule, puis elle est submergée par les eaux. La nouvelle de cet évènement historique bouleverse les Européens. Serait-ce un signe divin ? Pourquoi Dieu aurait-il laissé mourir ces milliers de personnes ?
Le séisme
Nous sommes le 1er novembre 1755. C’est la fête de la Toussaint. À l’heure de la grande messe, des foules immenses sont rassemblées dans les sanctuaires. Pourtant, la fête ne se déroulera pas comme prévu. À 9h30 du matin, une odeur de soufre envahit l’atmosphère. Un grondement sourd semblable aux orages retentit. Chose étrange, car le temps n’est pas orageux ! Une première secousse alerte les Lisboètes. Une deuxième secousse survient. Les voûtes des églises s’effondrent, les encorbellements dans les ruelles s’écroulent. Le ciel est obscurci. Des incendies se déclarent, menaçant les maisons en torchis. Les habitants fuient vers le fleuve. L’air se sulfurise, la terre tremble, le feu ravage tout. Et l’eau se déchaîne ! Les rives du Tage sont ébranlées par les secousses, et des lames de fond remontent, fracassant les embarcations. Un mur d’eau de 12 mètres (l’équivalent d’un immeuble de 4 étages) déferle sur les grèves de Lisbonne et fauche les gens qui se noient.
Le bilan
Environ 110 églises sont à terre, et 80 % des maisons se sont écroulées. Ce séisme d’une magnitude extrême (8,5 sur l’échelle de Richter) semblerait dû à l’enfoncement des plaques tectoniques eurasiatique et africaine. Nous savons également que la plaque africaine plonge sous une microplaque, le bloc continental d’Alboran, situé entre ces dernières. Les tensions entre les plaques auraient provoqué le séisme, dont l’épicentre a été localisé au sud de Lisbonne, à l’ouest du détroit de Gibraltar. Ce qui explique que plusieurs villes marocaines ont aussi été détruites. Rien qu’à Lisbonne, nous comptons plusieurs dizaines de milliers de morts. Seul le quartier de Belém est épargné. Le roi Joseph 1er se trouvait en dehors de la ville et fut donc sauvé.
Les réactions
L’émotion en Europe est énorme, car Lisbonne était une ville belle et riche, grâce à l’or du Brésil. C’était une puissante capitale, anéantie en seulement quelques minutes. Beaucoup s’interrogent sur cet évènement. Était-ce un signe de Dieu ? Voulait-Il punir les Lisboètes ? Parmi ceux qui réfléchissent sur cette catastrophe se trouve le célèbre philosophe français : Voltaire. Il confrontera la philosophie de l’optimisme. Le mathématicien et encyclopédiste D’Alembert offre cette définition de l’optimisme dans l’Encyclopédie méthodique : « On appelle ainsi l’opinion des philosophes qui prétendent que ce monde-ci est le meilleur que Dieu pût créer, le meilleur des mondes possibles. » Dans le conte philosophique de Voltaire, Candide, l’optimisme est défini par « la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. » Le désastre de Lisbonne fut source de confrontation pour les philosophes des Lumières. Ils ont du mal à concilier le fait que Dieu est infiniment bon et juste, et qu’il puisse exister le mal dans le monde.
Poème sur le désastre de Lisbonne (1756)
En réaction à ces commentaires, Voltaire écrit un poème lyrique, polémique et argumenté pour réfuter la thèse des optimistes.
« Philosophes trompés qui criez : « Tout est bien »,
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l’un sur l’autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés »
Avec un ton ironique, Voltaire dénonce aussi les accusations des religieux pensant que la catastrophe est une punition divine. Comme il le souligne bien :
« Lisbonne, qui n’est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices ? »
Dans ce poème, Voltaire décrit un spectacle effrayant, censé faire réfléchir sur le sens de ces évènements, sur la nature humaine et sur la justice divine.
L’avertissement de Dieu
Dans sa Parole, Dieu nous avait prévenus que nous vivrions des évènements difficiles. Il l’annonce dans Luc, lorsque Jésus et ses disciples évoquent la fin des temps. Le Seigneur énumère les catastrophes naturelles qui annonceront la fin de ce monde tel que nous le connaissons :
« Alors il leur dit : Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume ; il y aura de grands tremblements de terre, et, en divers lieux, des pestes et des famines ; il y aura des phénomènes terribles, et de grands signes dans le ciel. »
Luc 21 : 10-11
Il nous prévient pour nous donner du courage, et nous avertir que son retour est proche. Était-ce aussi pour que nous ne soyons pas trop surpris, et que nous ne désespérions pas ?
La punition divine
Quand Jésus était sur terre, deux catastrophes sont survenues. Pilate avait ordonné le massacre de Galiléens au moment où ils offraient des sacrifices. Cet évènement a bouleversé les juifs, au point où quelques-uns ont interrogé Jésus à ce propos.
« Or, en ce même temps, quelques-uns se trouvaient là, lui racontant ce qui était arrivé à des Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à leurs sacrifices. Et répondant, il leur dit : Pensez-vous que ces Galiléens fussent plus pécheurs que tous les Galiléens, parce qu’ils ont souffert ces choses ? Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous de même. »
Luc 13 : 1-3
Aux yeux des juifs, les catastrophes étaient des châtiments pour les péchés commis. Nous pouvons songer aux amis accusateurs de Job, qui lui attribuaient la responsabilité de son malheur. Mais Jésus répond autrement, et transperce la conscience de ces hommes provocateurs. Par ces paroles, il fait réfléchir les accusateurs en leur dévoilant qu’ils sont aussi des pécheurs, et qu’ils ne valent pas mieux que ceux qui ont péri ! S’ils ne se repentent pas, ils mourront également. Le mal est bel et bien un châtiment du péché en général. Mais à l’origine, Dieu n’a pas voulu le mal dans sa création. Il a fait à l’homme un merveilleux cadeau : le libre arbitre. L’homme a choisi de connaître le mal, en désobéissant à Dieu dans l’Éden. De ce fait, il a été déchu, coupé de Dieu. Nous vivons bien dans un monde déchu, et donc imparfait ! Pourtant, le mal est-il une fatalité ? Dieu nous laisserait-il végéter dans le malheur ? Non, car avec Jésus, nous avons obtenu le moyen de guérir du mal. Grâce à Jésus, nous pouvons échapper à la mort, à la séparation éternelle entre Dieu et nous. Cela se peut, car Jésus a donné sa vie à la croix, afin que nous ne soyons pas condamnés, mais que nous ayons la vie éternelle et en abondance. Cela veut-il dire que nous ne mourrons pas ? Que nous ne connaîtrons aucun malheur ?
Un malheur est-il toujours la conséquence du péché ?
Dans cet extrait, Jésus ne nie point le fait que Dieu punisse le mal. Jésus les a avertis de leur mort prochaine, car moins de quarante ans après, Jérusalem fut détruite et des milliers de juifs périrent, égorgés par les Romains ou écrasés sous les décombres. Jésus nous appelle donc à rester vigilants, car nous ne savons pas quelle est l’heure de notre mort. Il invite les gens à se repentir, c’est-à-dire à changer de mentalité et à renoncer à leurs actions mauvaises. Pour autant, le mal est-il toujours une conséquence du péché ? Non, car nous l’avons vu, nous vivons dans un monde déchu à cause de notre désobéissance. Et puis nous pouvons penser à l’exemple de Job, qui a vécu de nombreuses épreuves, sans avoir péché. Ajoutons à cela l’exemple de la guérison de l’aveugle de naissance :
« Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question : Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit : Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut travailler. »
Jean 9 : 1-4
Jésus explique que le mal de cet homme n’est pas la conséquence d’un péché, bien que l’aveugle soit pécheur. En revanche, cela permet à Jésus d’accomplir une guérison physique et spirituelle : l’homme fut guéri de son infirmité, et son âme fut sauvée, quand il se prosterna devant Jésus et qu’il Le reconnut comme le Messie venu sauver le monde. Tout comme Job, ce malheur a permis à l’aveugle de mieux connaître Dieu. Cet exemple témoigne du fait que Dieu fait naître la lumière des ténèbres (bien qu’Il ne désire pas les ténèbres) ; d’une situation désespérée, il crée la vie.
Le séisme de Lisbonne restera longtemps un évènement marquant du XVIIIe siècle. Nous savons qu’il a été prévu, car Jésus nous a avertis que des tremblements de terre surviendront. Qui peut affirmer de façon certaine que c’était une punition divine ? Personne ! Nous ne pouvons émettre de jugement : Jésus Lui-même n’est pas venu juger le monde, mais le sauver ! En revanche, nous pouvons être sûrs que nous sommes tous pécheurs, et que nous avons besoin du pardon de Dieu, accessible grâce au sacrifice de Jésus à la croix. La colère qui devait retomber sur nous est tombée sur Jésus, afin que nous soyons épargnés d’une mort éternelle. Est-ce pour autant que Dieu ne punit plus le péché ? Non, mais Il nous donne la force de ne plus succomber, de nous relever, et Il nous transforme par son Saint-Esprit. Nul ne peut corriger un cours d’eau en le frappant avec un bâton, mais nous pouvons creuser de nouveaux sillons, afin de diriger l’eau sur le droit chemin.

2 réflexions sur « Le séisme de Lisbonne : « tout va bien dans le meilleur des mondes » ? »