Le monde possède une image du chrétien ambivalente. Il arrive que l’on considère le chrétien comme un être monotone, accablé de contraintes. Il serait l’équivalant d’un plat de pâtes à l’eau, à côté d’un excellent risotto. Mais la vie avec Jésus est loin d’être fade et sans saveur ! Et c’est ce qu’illustre le livre Au risque d’être heureux, par John Piper.
L’auteur de ce livre est un pasteur baptiste, écrivain et théologien. Il était responsable de l’église Bethlehem Baptist Church à Minneapolis, pendant environ 33 ans. Il dirige l’organisation évangélique Desiring God, qui propose des sermons, des livres, des podcasts, etc.
Un livre sur la joie
En lisant C.S Lewis, John Piper a un déclic. Dans The Weight of Glory, l’écrivain affirme ceci : Nous sommes des créatures aux cœurs partagés, qui perdent leur temps avec l’alcool, le sexe et les ambitions personnelles alors qu’une joie infinie leur est proposée. C’est un peu comme ce pauvre gamin qui préfère continuer à faire des pâtés dans la boue d’un bidonville parce qu’il ne peut pas comprendre ce que signifie l’offre qu’on lui a faite d’aller passer de belles vacances à la plage. Nous sommes bien trop facilement satisfaits. »
John Piper en déduit que le problème du monde n’est pas l’intensité avec laquelle il recherche le bonheur, mais plutôt sa faiblesse ! Nous nous contentons de si misérables plaisirs. Dans ce petit livre d’une centaine de pages, John Piper nous définit ce qu’est l’hédonisme chrétien.
1) Glorifier Dieu
Le pasteur nous explique que la joie du chrétien glorifie Dieu. Ce n’est pas un trésor que l’on trouverait par hasard le long d’un chemin d’obéissance à Dieu. Ce n’est pas une simple retombée. La joie constitue en elle-même un acte d’obéissance.
« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous »
Philippiens 4 :4
John Piper nous encourage à rechercher le bonheur qualitatif. En effet, la joie doit être placée dans les choses célestes, car c’est parmi elles que nous passerons notre éternité. John Piper dénonce le contentement des hommes à satisfaire ses appétits naturels, plutôt que de poursuivre passionnément les délices éternels. La louange, l’adoration de notre Seigneur sont des délices qui font le plaisir de Dieu et des hommes.
2) Détrôner l’orgueil
« L’arrogance et l’orgueil, […] voilà ce que je hais. »
Proverbes 8:13
Un chrétien ne peut se vanter d’avoir gagné la grâce, car c’est tout à fait antithétique. John Piper affirme que nous sommes totalement impuissants, et qu’en période de trouble, nous devons être comme de petits enfants se réfugiant dans les bras de leur Père. Néanmoins, il existe plusieurs formes d’orgueil : la vantardise et l’apitoiement. « Celui qui se vante dit : « Je mérite l’admiration parce que j’ai beaucoup accompli ». Celui qui s’apitoie sur lui-même dit : « Je mérite l’admiration parce que j’ai beaucoup souffert ». » John Piper nous rappelle que nous devons éprouver de la joie dans la difficulté, car nous vivons cela à cause de l’être que nous aimons le plus, Jésus. Lorsque nous effectuons une tâche, et que l’on nous félicite, nous sommes amenés à éprouver de l’orgueil. Mais John Piper affirme que nous pouvons tuer cette racine en éprouvant la joie de l’effectuer. Cela ne laisse plus de place à la vantardise, car nous nous réjouissons d’accomplir notre devoir. La joie peut constituer un acte d’humilité.
3) Mobiliser les sentiments
« Vous l’aimez sans l’avoir vu. Sans le voir encore vous croyez en lui et vous tressaillez d’une allégresse indicible et glorieuse. »
1 Pierre 1 :8
L’hédonisme chrétien ne néglige pas la place faite aux émotions, aux sentiments. La Bible nous incite à changer notre cœur en pardonnant et bénissant ceux qui nous maudissent. Les sentiments sont importants aux yeux de Dieu. Notre cœur peut être indolent face à l’intensité et la profondeur des sentiments que Dieu mérite. Mais nous avons le choix d’éprouver à nouveau de l’enthousiasme, et nous confier en Dieu. Parce que si nous nous refroidissons, Dieu a le pouvoir de raviver la flamme ! Nous devons croire cela, et nous mettre à l’action ! L’hédonisme chrétien reconnaît aussi qu’un esprit puisse être triste. Mais cela ne nous retire pas la joie du salut. En outre, il illustre les différentes afflictions que peut connaître un chrétien : nous pleurons avec ceux qui pleurent, ceux qui souffrent (Romains 12:15), nous sommes tristes, car nous aimons des proches qui ne sont pas sauvés (Romains 9:2), nous pleurons quand nous voyons un frère vivre dans le péché (2 Corinthiens 2:4). Les chrétiens n’éprouvent donc pas de sérénité mystique, et ne sont pas insensibles à la souffrance d’autrui.
4) Payer le prix de l’amour
« Je vous ai montré de toutes manières que c’est en travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles, et se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui-même : il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. »
Actes 20:35
John Piper nous invite à prendre plaisir dans ce que nous procurons aux autres. Il prend l’exemple d’un couple marié : s’il existe des tensions, c’est que nous minimisons parfois le bonheur de donner (du temps, de l’affection, de l’attention). Quel intérêt y a-t-il à donner, si c’est sans amour ? Paul nous confie qu’on a beau donner son être aux flammes, si c’est sans amour, notre acte n’a aucune valeur. Le prix de l’amour pour Dieu est notre vie. Si nous nous détachons des choses de ce monde, alors la mort sera un gain pour nous. John Piper rappelle qu’après notre mort, nous serons récompensés pour nos peines.
« L’hédonisme chrétien insiste sur le fait que le bonheur éternel comblera largement ce que nous ont coûté nos douleurs temporaires. » Il affirme que certaines joies rares et sublimes ne fleurissent que dans l’atmosphère pluvieuse de la souffrance. « L’âme serait privée d’arc-en-ciel si les yeux ne versaient pas de larmes. »
C’est la joie de se savoir auprès du Père et de se voir parmi une assemblée de rachetés, qui a donné le courage à Jésus de mourir sur la croix.
« Gardons les yeux fixés sur Jésus, qui nous a ouvert le chemin de la foi et qui la porte à la perfection. Parce qu’il avait en vue la joie qui lui était réservée, il a enduré la mort sur la croix. »
Hébreux 12:2
C’est par amour pour nous, c’est dans l’espoir de nous voir pour l’éternité à ses côtés, que Jésus a donné sa vie ! Gardons courage dans les moments d’affliction, et réjouissons-nous !
