Paul à l’aréopage : analyse d’un discours enflammé

Nombreux sont les ouvrages concernant les différentes techniques d’évangélisation. Dans le livre des Actes, Paul prêche avec l’Esprit-Saint pour sauver une nation idolâtre. Quel est le cheminement de pensée que le Saint-Esprit lui a inspiré ? Nous allons analyser cela ensemble.

1) L’arrivée de Paul à Athènes

« Pendant qu’il attendait ses compagnons à Athènes, Paul bouillait d’indignation en voyant combien cette ville était remplie d’idoles. Il discutait donc, à la synagogue, avec les Juifs et les non-juifs qui adoraient Dieu et, chaque jour, sur la place publique, avec tous ceux qu’il rencontrait. Quelques philosophes, des épicuriens et des stoïciens, engageaient aussi des débats avec lui. »

Actes 17 : 16-18

La présence d’idoles éveille une sainte colère chez Paul. Cette colère le pousse à parler tous les jours avec les juifs présents à Athènes, mais également les païens. L’indignation face au mensonge conduit le croyant à annoncer la vérité de l’Évangile. En outre, Paul était un homme rempli de l’Esprit, et ne craignait pas d’engager des débats sur la place publique, avec les penseurs à la mode, dont les philosophes stoïciens. Les stoïciens cherchent l’effort et la fermeté face à la souffrance, tandis que les épicuriens préconisent la jouissance modérée. 

« Les uns disaient : Qu’est-ce que cette pie bavarde peut bien vouloir dire ? D’autres disaient : On dirait qu’il prêche des divinités étrangères. En effet, Paul annonçait « Jésus » et la « résurrection ». Pour finir, ils l’emmenèrent et le conduisirent devant l’Aréopage. – Pouvons-nous savoir, lui dirent-ils alors, en quoi consiste ce nouvel enseignement dont tu parles ? Les propos que tu tiens sonnent de façon bien étrange à nos oreilles. Nous désirons savoir ce qu’ils veulent dire. Il se trouve, en effet, que tous les Athéniens, et les étrangers qui résidaient dans leur ville, passaient le plus clair de leur temps à dire ou à écouter les dernières nouvelles. »

Actes 17 : 18-21

La curiosité de ces penseurs conduit Paul à l’Aréopage, qui est un lieu sur une colline où des hommes d’État tenaient conseil, où des savants s’entretenaient. Paul saisit cette invitation pour parler de Dieu. Le fait d’introduire des divinités étrangères et de nier les dieux nationaux était interdit par les lois d’Athènes. C’est, d’ailleurs, la cause de la condamnation de Socrate. Paul courait un certain risque en prononçant ce discours. 

2) L’exorde : l’examen des croyances

« Alors Paul se leva au milieu de l’Aréopage et dit : Athéniens, je vois que vous êtes, à tous égards, extrêmement soucieux d’honorer les divinités. En effet, en parcourant les rues de votre ville et en examinant vos monuments sacrés, j’ai même découvert un autel qui porte cette inscription : À un dieu inconnu. Ce que vous révérez ainsi sans le connaître, je viens vous l’annoncer. »

Actes 17 : 22-23

Les Athéniens craignaient de mécontenter une divinité, alors ils ont pensé construire un autel pour un dieu qu’ils auraient éventuellement oublié. Par cette remarque, Paul souligne qu’il a été attentif aux mœurs des Athéniens. Il les a observés, sans prendre part à leur coutume, en parcourant la ville.  Il a examiné ce peuple avec le discernement de l’Esprit-Saint, et Dieu lui a révélé cet autel, qui était une occasion de Le présenter. Paul a maîtrisé son indignation, pour gagner les âmes. En les définissant de religieux, Paul ne les flatte pas, car c’est un fait admis par tous les historiens : l’histoire politique et artistique des Grecs est marquée par le caractère religieux. Nous pouvons être surpris par certaines coutumes étrangères idolâtres, mais nous ne devons pas avoir peur ! Dieu nous apporte la paix et du discernement, afin de pouvoir prêcher l’Évangile avec assurance et respect.

3) L’annonce du Dieu véritable

« Dieu, qui a créé l’univers et tout ce qui s’y trouve, et qui est le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite pas dans des temples bâtis de mains d’hommes. Il n’a pas besoin non plus d’être servi par des mains humaines, comme s’il lui manquait quelque chose. Au contraire, c’est lui qui donne à tous les êtres la vie, le souffle et toutes choses. À partir d’un seul homme, il a créé tous les peuples pour qu’ils habitent toute la surface de la terre ; il a fixé des périodes déterminées et établi les limites de leurs domaines. »

Actes 17 : 24-26

Dans ce passage, Paul présente Dieu. La première remarque que le Saint-Esprit lui inspire concerne son omnipotence et son omniprésence. Dieu est Tout-Puissant, Il a tout créé. De ce fait, Il ne réside pas dans des constructions humaines. Les cieux eux-mêmes ne peuvent contenir Dieu ! Dans l’esprit des Athéniens, les fausses divinités exigeaient qu’ils les servent, les entretiennent, et une relation de dépendance s’instaurait. Mais Paul affirme que le véritable Dieu n’a pas besoin de l’homme. C’est, au contraire, Lui qui entretient l’homme ! Le disciple rappelle que Dieu est à l’origine de tout : des peuples et des temps. Dieu est infini, et tous ceux qui vivent sont sous le même gouvernement divin, car Dieu possède la terre et tout ce qui s’y trouve. 

4) Dieu tout près des hommes

« Par tout cela, Dieu invitait les hommes à le chercher, et à le trouver, peut-être, comme à tâtons, lui qui n’est pas loin de chacun de nous. En effet, « c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être », comme l’ont aussi affirmé certains de vos poètes, car « nous sommes ses enfants ». Ainsi, puisque nous sommes ses enfants, nous ne devons pas imaginer la moindre ressemblance entre la divinité et ces idoles en or, en argent ou en marbre que peuvent produire l’art ou l’imagination des hommes. »

Actes 17 : 27-29

5) La grâce et le jugement

Cet extrait est très important. Paul annonce que Dieu n’est pas très loin des personnes, même ceux d’autres confessions ! Il s’adresse à tous tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, mais nous n’y prenons pas garde. Le désir de Dieu est que l’homme le cherche, même à tâtons ! Il se révèle à ceux qui ont soif de Le connaître. Lorsque vous parlez de Dieu à quelqu’un, pensez que Dieu l’a sûrement déjà fait avant vous : Il s’est déjà adressé à cette personne, mais peut-être n’a-t-elle pas compris que cela venait de Dieu. Puisque là où les ténèbres abondent, la grâce surabonde. Paul est un érudit, et il utilise ses connaissances littéraires, connues des Grecs, pour parler à ce peuple sur les vérités du Ciel. La première citation provient de Aratos de Soles, qui est un poète grec, originaire de Cilicie (comme Paul !). Il a vécu trois siècles avant l’ère chrétienne. Puis, nous trouvons d’autres références, notamment un hymne du poète stoïcien Cléanthe. Si Paul a su puiser dans ses connaissances, de même, nous pouvons utiliser les œuvres culturelles de notre époque pour parler des vérités spirituelles. Paul rappelle aux païens que nous sommes faits à l’image de Dieu, et que nous sommes ses enfants. Nous ne pouvons représenter une création du ciel, de la terre ou de la mer pour l’adorer et nous prosterner devant elle, en nous figurant qu’elle est notre Créateur et sauveur.

« Or Dieu ne tient plus compte des temps où les hommes ne le connaissaient pas. Aujourd’hui, il leur annonce à tous, et partout, qu’ils doivent changer. Car il a fixé un jour où il jugera le monde entier en toute justice, par un homme qu’il a désigné pour cela, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant. »

Actes 17 : 30-31

Paul évoque la miséricorde de Dieu, qui implique aussi un jugement. Autrefois, Dieu a tenu compte des temps où les hommes ne le connaissaient pas, et Il a puni le culte des idoles. Cela montre la sévérité et la grande sainteté de Dieu. Mais le disciple évoque aussi sa grâce, qui appelle les hommes à changer radicalement de pensée, d’être. Le temps de la grâce prendra fin avec la venue du jugement, où Dieu pèsera les âmes. Paul évoque donc le but de la venue de Jésus sur terre : l’appel à la repentance des fauteurs, le salut accordé par sa mort et sa résurrection.

6) La puissance de l’Évangile

« Lorsqu’ils entendirent parler de résurrection, les uns se moquèrent de Paul, et les autres lui dirent : Nous t’écouterons là-dessus une autre fois. C’est ainsi que Paul se retira de leur assemblée. Cependant, quelques auditeurs se joignirent à lui et devinrent croyants, en particulier Denys, un membre de l’Aréopage, une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux. »

Actes 17 : 32-34

L’évangile est une bombe spirituelle, et secoue les consciences des hommes, ainsi que les esprits mauvais. L’évocation de la résurrection du Christ provoque une vive réaction chez les Athéniens. Elle est rejetée par des moqueries, du mépris. L’esprit de l’antéchrist a agi dans les cœurs de ces Athéniens, qui n’ont pas reconnu que Jésus est venu en chair, est mort sur la croix, puis ressuscité. Paul n’insiste pas. Il semble secouer la poussière de ses sandales. Toutefois, l’Esprit-Saint a pu toucher les cœurs de certains auditeurs, dont Denys et Damaris. Si donc les principaux interlocuteurs se montrent indifférents et méprisants, cela n’implique pas que l’Esprit-Saint est resté inopérant. La Parole de Dieu ne retourne point à Lui sans effet, sans avoir fait Sa volonté. Ainsi, par ce discours, des âmes ont été sauvées. Il faut donc persévérer et croire que Dieu fait pousser la Parole qui est semée.

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