Au XVIIe siècle, avec La Bruyère, comme au XXIe siècle, nous continuons de nous interroger sur les fonctions du gouvernement, ainsi que sur les actions qu’un bon chef d’état peut mener vis-à-vis de Dieu et des hommes. Quelles sont donc les qualités nécessaires chez un bon gouverneur, selon la Bible ?
Le bon gouverneur cherche la justice
« Le trône s’affermit par la justice. »
Proverbes 16 : 12
Dans ce proverbe, le mot traduit par « justice » en français est tsédeq (צֶדֶק), en hébreu. Contrairement à la « justice » occidentale souvent pensée en termes légaux – l’application de la loi -, tsédeq détient un sens plus profond : il réfère à ce qui est moralement et éthiquement droit. Cela signifie être en règle non seulement juridiquement, mais aussi être en harmonie avec Dieu. Cet alignement moral avec Jésus-Christ favorise l’épanouissement de la société. Par ailleurs, le terme mishpat (מִשְׁפָּט) réfère davantage à la mise en pratique institutionnelle de la justice ; c’est ce terme qui est employé pour qualifier les ordonnances, les lois délivrées par Dieu dans le livre de l’Exode. C’est pourquoi, dans Proverbes 14 : 34, la justice est mise en relation avec la pureté morale : « La justice élève une nation, mais le péché est la honte des peuples. » Le gouverneur se doit donc de rechercher la pureté, et de conserver une bonne conscience devant Dieu et les hommes.
Comment la justice s’exerce-t-elle ? Par le service, par exemple. Le bon gouverneur ne doit pas rester oisif : « La main des personnes actives dominera, tandis que le main nonchalante sera astreinte à la corvée » (Proverbes 11 : 24) Jésus travaillait durement pour accomplir les œuvres du Royaume sur la Terre ; en effet, après avoir certainement exercé le métier de son père terrestre, qui était charpentier, il a exercé le ministère de son Père dans le Ciel : Il enseignait, Il visitait et guérissait les malades, puis Il parcourait les régions pour propager la bonne nouvelle : « Le soir, après le coucher du soleil, on lui amena tous les malades et les démoniaques. Et toute la ville était rassemblée à la porte. Il guérit beaucoup de gens qui souffraient de diverses maladies, il chassa aussi beaucoup de démons ; et il ne permettait pas aux démons de parler, parce qu’ils le connaissaient. Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où il pria. » (Marc 1 : 31-35) Jésus se mettait au service des hommes, et au service du Père. Il veillait sans cesse, et attendait sûrement de recevoir ses instructions, dans le secret : « En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. » (Luc 6 : 12). Par cette démonstration d’obéissance, notre Seigneur nous montre le chemin à suivre ; bien que souverain, il a incarné la parfaite figure du serviteur : « Pendant qu’il était dans la chair, il a présenté, avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé à cause de sa piété. Bien qu’il fût Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes. » (Hébreux 5 : 7-8) Jésus-Christ ne se relâchait pas dans sa tâche. Nous pouvons également prendre pour exemple le chef Néhémie, intègre et désintéressé, dont le travail fut reconnu par Dieu : « Dès le jour où le roi m’établit leur gouverneur dans le pays de Juda, […] ni moi ni mes frères n’avons vécu des revenus du gouverneur. Avant moi, les premiers gouverneurs accablaient le peuple, et recevaient de lui du pain et du vin, outre quarante sicles d’argent ; leurs serviteurs mêmes opprimaient le peuple. Je n’ai point agi de la sorte, par crainte de Dieu. Bien plus, j’ai travaillé à la réparation de cette muraille, et nous n’avons acheté aucun champ, et mes serviteurs tous ensemble étaient à l’ouvrage. » (Néhémie 5 : 14-16) Néhémie, gouverneur, raconte comment il travaillait aux réparations du mur avec le peuple, sans profiter de ses privilèges. En effet, le travail peut être une véritable source de bénédiction : « Et que tout homme mange et boive, et qu’il jouisse du bien-être au milieu de tout son travail, c’est là un don de Dieu. » (Ecclésiaste 3 : 13)
La générosité est un autre fruit de la justice : « Le peuple maudit celui qui lui refuse le blé, mais la bénédiction repose sur la tête de celui qui le vend. » (Proverbes 11 : 26) Le bon gouverneur veille à ce que chacun possède de quoi se vêtir, de quoi manger et un lieu où dormir ; il sait que Dieu pourvoit à ces besoins fondamentaux : » […] car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ; si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. » (1 Timothée 6 : 7-8) Cette assurance, nous l’avons grâce à Jésus, qui a rappelé au peuple que Dieu veille sur la faune et la flore, et qu’Il veillera d’autant plus aux soins de ses enfants. Le bon gouverneur doit également se soucier de ces besoins fondamentaux. Le parfait exemple de sagesse, est Joseph : « Il rassembla tous les produits de ces sept années d’abondance qui vinrent au pays d’Égypte ; il fit des approvisionnements dans les villes, mettant dans l’intérieur de chaque ville les produits des champs d’alentour. Joseph amassa du blé, comme le sable de la mer, en quantité immense, jusqu’à ce qu’on cessât de compter, parce qu’il n’y avait plus de nombre. […] La famine régnait sur toute la surface du pays. Joseph ouvrit tous les lieux d’approvisionnement, et vendit du blé aux Égyptiens. De tous les pays on arrivait en Égypte, pour acheter du blé auprès de Joseph ; car la famine était forte dans tous les pays. » (Genèse 41 : 48-49 et 56-57) En effet, la culture de la terre est une activité encouragée par Dieu : « Ce qui représente un avantage pour le pays à tout point de vue, c’est un roi qui favorise la culture de la terre. » (Ecclésiaste 5 : 8) Cela constitue une ressource essentielle au peuple : « Sème tes graines dès le matin et le soir ne laisse pas ta main en repos, car tu ne sais pas ce qui réussira : est-ce que ce sera ceci ou cela ? Est-ce que l’un et l’autre seront également bons ? » (Ecclésiaste 11 : 6) La culture de la terre fait même l’objet d’une loi dans l’Ancienne Alliance ; il s’agit de l’année jubilaire (Lévitiques 25 : 8-13), ayant lieu tous les 50 ans. Année de grâce, où la terre demeure en repos, où les esclaves sont libérés, où les terres sont restituées, démontrant ainsi que la terre, les richesses et les vies humaines appartiennent à Dieu, et préfigurant, également, l’œuvre du Messie. Le Jubilé incarne donc le rêve social et spirituel de Dieu.
Le bon gouverneur cherche l’intégrité
« La bonté et la vérité gardent le roi, et il soutient son trône par la bonté. »
Proverbes 20 : 28
La justice s’exerce par la bonté ; l’amour (en grec ancien : ἀγάπη) est l’accomplissement de la loi divine. L’amour nous conduit à tout supporter, tout espérer. Il nous conduit à parler avec droiture. Le bon gouverneur s’entoure de personnes qui parlent avec justice, avec amour, en vérité. Il rejette les calomniateurs et les diffamateurs : « Les lèvres justes plaisent aux rois, et ils aiment celui qui parle avec droiture. » (Proverbes 16 : 13) En effet, dans l’épître aux Colossiens, le Saint-Esprit nous enjoint à avoir une parole pleine de grâce, assaisonnée de sel. En outre, le bon gouverneur s’entoure de personnes clairvoyantes et honnêtes : « Là où il n’y a point de direction, le peuple tombe ; mais le salut est dans le grand nombre de conseillers. » (Proverbes 11 : 4 et Proverbes 24 : 6) Le bon gouverneur s’entoure de sages conseillers, et se laisse reprendre quand cela est nécessaire : « Mieux vaut être un enfant pauvre et sage qu’un roi vieux et stupide qui ne sait plus se laisser avertir » (Ecclésiaste 4 : 13) Ses conseillers parlent avec franchise, et cela atteste de leur fidélité : « Mieux vaut une réprimande ouverte qu’une amitié cachée. Les blessures d’un ami prouvent sa fidélité, mais les baisers d’un ennemi sont trompeurs. » (Proverbes 27 : 5-6) Les conseillers du gouverneur sont, généralement, d’habiles artisans : « As-tu vu un homme habile dans son ouvrage ? Il se tient auprès des rois ; il ne se tient pas auprès des gens obscurs. » (Proverbes 22 : 29) En somme, un bon gouverneur s’entoure de personnes intègres, et fait preuve, lui-même, d’intégrité dans ses jugements, en rejetant les pots-de-vin : « Le méchant accepte des présents pour renverser la justice » (Proverbes 17 : 23) Il exerce, de fait, un grand discernement concernant les situations de crise : « Un roi sage disperse les méchants et fait passer les roues sur eux » (Proverbes 20 : 26) Les roues du chariot, c’est ce que l’on faisait passer sur l’aire de battage pour séparer le grain (ce qui est comestible) des épis (ce qui est à jeter) ; le bon roi doit distinguer les bons et les méchants, tout comme l’a fait le roi Salomon, en distinguant les justes des injustes : « Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé. On craignit le roi, car on vit que la sagesse de Dieu était en lui pour le diriger dans ses jugements. » (1 Rois 3 : 28)
Le bon gouverneur se fonde sur la Sagesse
« Par moi les rois règnent et les princes ordonnent ce qui est juste. »
Proverbes 8 : 15
Dans les Écritures, la sagesse est souvent personnifiée. La personne qui l’incarne parfaitement est Jésus-Christ. Ce proverbe atteste que le Seigneur est seul à instituer les rois : « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais-le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. » (Romains 13 : 1-4). C’est par Lui que les gouverneurs adoptent les bons décrets, favorables au peuple. Par conséquent, le Saint-Esprit nous enjoint à prier pour ceux qui nous gouvernent : « J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Timothée 2 : 1-3) Le bon gouverneur acquiert la sagesse auprès du Seigneur, et cette sagesse lui dicte de ne point chercher à s’enrichir et de ne point reposer sur ses forces propres. Il doit, au contraire, garder les yeux rivés vers Jésus de qui vient ce qui est bon et nécessaire : « Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne, lorsque tu le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras : Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m’entourent, – tu mettras sur toi un roi que choisira l’Éternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère. Mais qu’il n’ait pas un grand nombre de chevaux ; et qu’il ne ramène pas le peuple en Égypte pour avoir beaucoup de chevaux ; car l’Éternel vous a dit : Vous ne retournerez plus par ce chemin-là. Qu’il n’ait pas un grand nombre de femmes, afin que son cœur ne se détourne point ; et qu’il ne fasse pas de grands amas d’argent et d’or. Quand il s’assiéra sur le trône de son royaume, il écrira pour lui, dans un livre, une copie de cette loi, qu’il prendra auprès des sacrificateurs, les Lévites. Il devra l’avoir avec lui et y lire tous les jours de sa vie, afin qu’il apprenne à craindre l’Éternel, son Dieu, à observer et à mettre en pratique toutes les paroles de cette loi et toutes ces ordonnances ; afin que son cœur ne s’élève point au-dessus de ses frères, et qu’il ne se détourne de ces commandements ni à droite ni à gauche ; afin qu’il prolonge ses jours dans son royaume, lui et ses enfants, au milieu d’Israël. » (Deutéronome 17 : 14-20) L’observation des Écritures sculpte notre cœur. En effet, la lecture de la Bible est un temps où notre âme est transformée, par la puissance de l’Esprit-Saint, à l’image de Christ. Les possessions ne servent donc pas à affermir un règne ! La Bruyère reprend cette pensée, quand, dans ses Caractères, il soulignait la vanité des richesses : « Le faste et le luxe dans un souverain, c’est le berger habillé d’or et de pierreries, la houlette d’or en ses mains ; son chien a un collier d’or, il est attaché avec une laisse d’or et de soie. Que sert tant d’or à son troupeau ou contre les loups ? » (Du Souverain ou de la République, chapitre X) L’on comprend que Jésus-Christ est la seule véritable richesse d’un gouverneur.
Le bon gouverneur se montre humble devant Dieu
« Le cœur du roi est un courant d’eau dans la main de l’Éternel ; il l’incline partout où il veut. »
Proverbes 21 : 1
Ayant connaissance qu’il a été établi roi selon la volonté du Seigneur, afin d’exercer le pouvoir avec justice, le bon gouverneur fait preuve d’humilité. Le terme « humilité » provient du latin, humus, qui signifie « terre » ou « sol fertile ». Bien que haut placé, il s’abaisse, tout comme le Christ, qui n’a pas regardé à ce qui Lui revenait. Au contraire, il s’est humilié jusqu’à la mort pour le salut du monde : « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. » (Philippins 2 : 5-8) L’humilité est une qualité essentielle en l’homme. Elle est même vitale : « L’orgueil précède la ruine, et l’arrogance précède la chute. » (Proverbes 16 : 18) ! Cette humilité conduit à l’entière consécration du cœur à Jésus-Christ, à l’exemple de David, qui était un roi selon le cœur de Dieu. Tous les autres rois qui lui succédèrent furent même jugés à l’aune de David, qui était un modèle aux yeux de Dieu : « Lorsque Salomon fut vieux, ses femmes détournèrent son cœur vers d’autres dieux ; et son cœur ne fut point tout entier à l’Éternel, son Dieu, comme l’avait été le cœur de David, son père. » (1 Rois 11 : 4) ou « Il fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, et il marcha dans toute la voie de David, son père, sans s’en détourner ni à droite ni à gauche. » (2 Rois 2 : 22). Ce dévouement intérieur conduit le bon gouverneur à préserver les lieux saints, consacrés à Jésus : « Manassé mit l’idole d’Astarté […] dans la maison dont l’Éternel avait dit à David et à Salomon : « J’y mettrai à jamais mon nom. »» (2 Rois 21 : 7) Les églises sont donc des lieux sacrés, à préserver, et le bon gouverneur y veille. En ce qui concernent la plupart des grands évènements historiques, les conquêtes, les défaites et les victoires, cela est certainement écrit d’avance, comme nous le suggère le sermon du Seigneur au roi d’Assyrie : « Mais, quand le Seigneur aura accompli toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, je punirai le roi d’Assyrie pour le fruit de son cœur orgueilleux, et pour l’arrogance de ses regards hautains. Car il dit : C’est par la force de ma main que j’ai agi, C’est par ma sagesse, car je suis intelligent ; j’ai reculé les limites des peuples, et pillé leurs trésors, et, comme un héros, j’ai renversé ceux qui siégeaient sur des trônes ; j’ai mis la main sur les richesses des peuples, comme sur un nid, et, comme on ramasse des œufs abandonnés, j’ai ramassé toute la terre : nul n’a remué l’aile, ni ouvert le bec, ni poussé un cri. – La hache se glorifie-t-elle envers celui qui s’en sert ? Ou la scie est-elle arrogante envers celui qui la manie ? Comme si la verge faisait mouvoir celui qui la lève, comme si le bâton soulevait celui qui n’est pas du bois ! » (Esaie 10 : 12-15) Il en est de même avec le roi de Babylone, qui pensait s’être acquis la puissance et la richesse par ses propres forces ; alors, Dieu le punit jusqu’à ce qu’il fasse preuve d’humilité : « On te chassera du milieu des hommes, tu auras ta demeure avec les bêtes des champs, on te donnera comme aux bœufs de l’herbe à manger ; et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu saches que le Très-Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. » (Daniel 4 : 32) Dieu veut nous faire comprendre que la victoire ne dépend pas de nos moyens : « On prépare le cheval pour le jour du combat, mais c’est à l’Éternel qu’appartient la victoire » (Proverbes 21 : 31). En somme, la présence de Jésus-Christ, incarnation de la sagesse, vaut mieux qu’une puissante armée : « La sagesse rendra le sage plus fort que 10 chefs présents dans une ville » (Ecclésiaste 6 : 19) Un roi qui croit posséder son royaume par sa propre force devient oppresseur. Mais, un roi qui reconnaît que son autorité vient de Dieu protège le faible.

Le bon gouverneur protège les faibles
« Ouvre ta bouche en faveur du muet, pour la cause de tous les délaissés. »
Proverbes 31 : 8-9
Le bon gouverneur se doit d’être sensible à la cause des personnes en situation de précarité. En effet, il est dit que : « Le roi qui juge les pauvres avec vérité aura son trône affermi pour toujours. » (Proverbes 29 : 14) À cet effet, le bon gouverneur exige moins du pauvre que du riche : « Ne dépouille pas le pauvre, parce qu’il est pauvre, et n’opprime pas le malheureux à la porte ; car l’Éternel défendra leur cause, et il ôtera la vie à ceux qui les auront dépouillés. » (Proverbes 22 : 22-23) Le bon gouverneur veille à ce que le pauvre ne manque pas : « Qui donne au pauvre ne manquera de rien, mais qui détourne les yeux sera comble de malédictions. » (Proverbes 28 : 27) Qui sont les faibles et les pauvres selon la Bible ? Il est fait mention des veuves, des orphelins et des étrangers : « Car l’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point acception des personnes et qui ne reçoit point de présent, qui fait droit à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’étranger et lui donne de la nourriture et des vêtements. » (Deutéronome 10 : 17-18) L’immigré, n’étant pas dans son pays natal, est plus vulnérable, et Dieu le rappelle à son peuple, qui a connu le même statut : « Vous aimerez l’étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. » (Deutéronome 10 : 19) Autrefois, dans l’Ancienne Alliance, il était exigé que le juif laisse une part de ses biens aux démunis et à l’étranger : « Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner. Tu ne cueilleras pas non plus les grappes restées dans ta vigne, et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu abandonneras cela au pauvre et à l’étranger. » (Lévitique 19 : 9-10) Cette exigence répond à cet unique commandement, instauré par Jésus : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même« . Aimer son prochain consiste également à lui remettre ce qui lui revient ; en effet, tout labeur mérite salaire : « Tu n’opprimeras point le mercenaire, pauvre et indigent, qu’il soit l’un de tes frères, ou l’un des étrangers demeurant dans ton pays, dans tes portes. » (Deutéronome 24 : 14) Le mercenaire était, en effet, un soldat étranger au conflit, rémunéré pour y prendre part. Cela peut référer, désormais, à l’ouvrier venant d’un pays étranger. Le pauvre a un Créateur qui veille sur lui, et tout ce que l’on fait envers le faible, on le fait envers Dieu : « Exploiter le faible, c’est insulter son créateur, mais faire grâce au pauvre, c’est l’honorer » (Proverbes 14 : 31) En effet, le bon gouverneur n’extorque pas l’indigent : « Celui qui exploite le faible pour augmenter son bien ou qui donne au riche n’arrive qu’à la misère » (Proverbes 21 : 16) ; « Un prince dépourvu d’intelligence multiplie les actes d’extorsion, mais celui qui déteste le profit malhonnête prolongera sa vie » (Proverbes 28 : 16) « Un roi affermit son pays par le droit, mais celui qui multiplie les impôts le ruine » (Proverbes 29 : 4) En outre, le Seigneur nous promet de faire justice si jamais un gouverneur devait extorquer malhonnêtement, en rétribuant les richesses à celui qui en fait bon usage : « Celui qui augmente ses biens à l’aide de l’intérêt et de taux excessifs les amasse pour celui qui fait grâce aux plus faibles » (Proverbes 28 : 8) La Bruyère, dans ses Caractères, affirmait encore que tout homme, et d’autant plus celui qui reçoit beaucoup de pouvoir sur la Terre, devra rendre des comptes à Dieu : « Si c’est trop de se trouver chargé d’une seule famille, si c’est assez d’avoir à répondre de soi seul, quel poids, quel accablement, que celui de tout un royaume ! Un souverain est-il payé de ses peines par le plaisir que semble donner une puissance absolue, par toutes les prosternations des courtisans ? […] je sais qu’il doit répondre à Dieu même de la félicité de ses peuples, que le bien et le mal est en ses mains, et que toute ignorance ne l’excuse pas ; et je me dis à moi-même : « Voudrais-je régner ? » » (Du Souverain ou de la République, chapitre X)

Jésus-Christ est l’incarnation du bon gouverneur ; il se montre pur et intègre. Il n’a rien cherché à posséder, mais a remis toute sa vie à notre Père, Dieu. Il s’est humilié devant Lui, en obéissant fidèlement à ce qu’Il Lui demandait. Il s’est privé de tout, afin de secourir les faibles et les opprimés par le Royaume des Ténèbres. De même, nous sommes appelés à exercer la justice du Royaume, en nous revêtant de Christ : « Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui autrefois n’étiez pas un peuple, et qui maintenant êtes le peuple de Dieu, vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde. » (1 Pierre 2 : 9-10) Avec cette promesse qui perdure pour ceux qui recherchent la volonté de Dieu : « Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui. » (2 Timothée 2 : 12) Comptons donc sur sa Toute-Puissance pour graver sa parfaite volonté dans notre cœur, comme un délicat orfèvre.
